Notre méthode d'apprentissage de la grammaire du français écrit est le fruit de plus de vingt ans de réflexion, d'expérimentation, d'enseignement, de consultation, de recherche, de questionnement Pourquoi recommandons-nous d'enseigner de façon systématique
les règles de grammaire (plutôt que de le faire occasionnellement,
au hasard des travaux de rédaction des étudiants) ?
Comment avons-nous déterminé les besoins des scripteurs
adultes ? Pourquoi nous a-t-il fallu concevoir du matériel
didactique pour répondre à ces besoins : n'existait-il
pas déjà assez d'ouvrages de grammaire ? Dans
quelles conditions avons-nous expérimenté et constamment
amélioré notre matériel ? Vous trouverez
dans cette page des réponses à ces questions. |
1. Cours de rédaction (1986)
C'est en 1986, à l'Université du Québec à Montréal (UQÀM), que nous avons commencé à offrir de l'aide aux adultes désireux de perfectionner leur français écrit : au trimestre d'hiver, nous avons donné un cours de rédaction à une soixantaine d'étudiants volontaires provenant de divers programmes de sciences humaines. Ce cours visait l'amélioration de toutes les composantes de l'écriture : la cohérence globale du texte, son adéquation à l'intention de communication, sa conformité au code grammatical, etc. Chaque semaine, les étudiants avaient à rédiger un texte d'environ 200 mots. On leur signalait les erreurs de nature orthographique, lexicale, grammaticale ou syntaxique, et on commentait certains aspects de l'organisation textuelle (plan, unité du sujet, marqueurs de relation, découpage en paragraphes...). Les textes annotés étaient discutés en ateliers composés de six à huit étudiants et d'un adjoint au professeur.
Malgré l'encadrement exceptionnel qu'ils recevaient chaque semaine (annotations et commentaires détaillés de leurs textes ; deux heures d'atelier en plus de trois heures de cours magistral), la plupart des étudiants ne pouvaient tirer tout le profit possible de la formule que nous leur proposions : ils ne possédaient pas les connaissances de base nécessaires pour comprendre les explications grammaticales qu'on leur fournissait, encore moins pour corriger eux-mêmes leurs erreurs. Par exemple, quelqu'un à qui on signale une faute de syntaxe dans la phrase ci-dessous ne peut la corriger s'il n'a pas une idée claire de ce qu'est une proposition relative, s'il ignore que la forme du pronom relatif est liée à sa fonction ou ne voit pas à quel mot ce pronom se rapporte :
*Le magazine dont elle faisait semblant de s'intéresser lui a glissé des mains. |
Beaucoup d’étudiants n’avaient pas appris ou avaient oublié les notions fondamentales de la grammaire, et ne maîtrisaient pas les outils de l’analyse linguistique. Il n’était pas suffisant pour eux de voir les règles de syntaxe, de grammaire et de ponctuation sous forme de capsules correspondant aux cas concrets qui les avaient fait trébucher dans leurs textes, ni d’étudier les structures linguistiques au hasard de celles qu’ils avaient produites. Au terme de cette expérience, ils ont eux-mêmes demandé qu’on leur offre un enseignement systématique des règles du code de l’écrit.
2. Analyse des erreurs et évaluation des besoins (1988-1991)
Afin d'adapter aux besoins des étudiants le contenu du cours
qu'ils réclamaient, nous avons effectué une analyse
typologique de leurs erreurs. Nous avons choisi 376 textes représentatifs
parmi les 840 recueillis durant le cours de rédaction et
avons inventorié les erreurs de tout ordre qu'ils contenaient.
Nous avons ainsi pu recenser et analyser 6899 erreurs reflétant
les difficultés qu'éprouvent les adultes en situation
d'écriture. Une partie des résultats de cette recherche
a été publiée dans
la Revue de l'ACLA (Association canadienne
de linguistique appliquée), « Les erreurs linguistiques
rencontrées dans les écrits des étudiants universitaires :
analyse et conséquences », volume 14, numéro 1, printemps 1992, p. 13-30.
De cette analyse d’erreurs s’est dégagée
une évaluation des besoins des scripteurs adultes et scolarisés.
Nous avons alors constaté qu’aucun ouvrage didactique
existant ne répondait à ces besoins ; c’est
pourquoi nous avons décidé de créer
nous-mêmes du matériel.
Voici les principaux résultats de notre analyse d'erreurs.
À partir de l'ensemble des résultats de notre analyse, nous avons conclu qu'il fallait créer du matériel adapté aux besoins particuliers des adultes scolarisés qui ne maîtrisent pas le français écrit. Nous avons conclu aussi qu'un seul cours ne serait pas suffisant pour combler toutes les lacunes de cette clientèle, et qu'il fallait en priorité la doter de bases solides en analyse linguistique, la rendre apte à appliquer les règles générales et lui apprendre à se servir des ouvrages de référence.
3. Création de trois cours de grammaire, et conception des
Modules 1, 2 et 3 de notre méthode d'apprentissage (1986-1994)
Nous avons pu donner dès l'automne 1986, toujours à l'Université du Québec à Montréal (UQÀM), un premier cours offrant un enseignement systématique de la grammaire (le mot grammaire étant employé ici au sens d'ensemble des structures et des règles qui constituent le code de l'écrit). Nous distribuions chaque semaine à nos 64 étudiants le matériel que nous rédigions à mesure. Ce cours a eu un succès immédiat : 179 personnes s'y sont inscrites en 1987, 409 en 1988, 553 en 1989. Une équipe de chargés de cours s'est formée pour faire face à la tâche. Leurs commentaires et ceux de leurs étudiants nous ont grandement aidées à perfectionner notre matériel, que nous avons publié pour la première fois en 1989 sous le titre Apprentissage de la grammaire du français écrit. Méthode pratique. Module 1.
Entre-temps, nous rédigions une première version du Module 2, pour le cours de deuxième niveau que réclamaient beaucoup d'étudiants ; nous avons mis ce cours à l'horaire pour la première fois à l'automne 1990. Sa popularité nous a incitées à concevoir le Module 3, dont nous avons pu expérimenter une première version à l'hiver 1994. Durant cette seule année 1994, 3789 étudiants de l'UQÀM se sont inscrits à un de nos trois cours de grammaire : 3434 à celui de premier niveau, 328 à celui de deuxième, 27 à celui de troisième.
Sous les sigles LIN 1009, LIN 2009 et LIN 3019, ces trois cours continuent de se donner à l'UQÀM, où ils ont été intégrés à divers programmes, notamment au certificat en français écrit, au baccalauréat en sciences du langage, au programme court et à la concentration de premier cycle en linguistique appliquée à l'étude de la grammaire. Par ailleurs, le Module 1 et le Module 2 de notre méthode d'apprentissage ont été utilisés dans plusieurs autres universités et collèges à travers le Canada ; nous avons nous-mêmes, après notre départ de l'UQÀM en 1996, enseigné la grammaire en Haïti en nous servant du Module 1.
Jusqu’à ce jour, environ 50 000 personnes, autodidactes ou inscrites à un cours, parlant le français comme langue première ou seconde, ont amélioré leur français écrit à l’aide du Module 1 ; plus de 6000 ont poursuivi avec le Module 2, et environ 2000 avec le Module 3. Grâce à notre propre expérience et à celle de tous ceux qui ont enseigné la grammaire avec notre méthode, grâce aux réactions, aux commentaires et aux questions des étudiants, nous avons pu constamment vérifier l’adéquation de notre matériel didactique aux besoins de ses utilisateurs.
4. Éditions complètement refondues des Modules 1 (2003)
et 2 (2009)
Fruit de cette longue expérience de l'enseignement de la grammaire aux adultes, l'édition 2003 du Module 1 a été complètement renouvelée par rapport aux versions antérieures. Répondant aux désirs exprimés par les étudiants, leurs professeurs et les utilisateurs autodidactes, nous avons rendu plus explicites les analyses et les justifications linguistiques ; nous avons facilité le processus d'apprentissage en graduant plus finement ses étapes ; nous avons augmenté la quantité et la diversité des exercices, et accompagné d'explications leur corrigé. Nous avons aussi tiré profit du travail que nous avons consacré à une version multimédia du Module 1 ; bien que celle-ci soit restée à l'état de prototype, son élaboration nous a conduites à métamorphoser la présentation de la version papier, et à la rendre aussi interactive et visuellement agréable que le permet ce support.
En 2009, nous avons publié une édition du Module 2 profondément transformée, conçue sur le même modèle que l'édition 2003 du Module 1.